mercredi 2 décembre 2009

pas de set list et un Moleskine en guise de mémoire

Julie Doiron chante ses chansons comme on fait goûter des confitures. un peu de celle-ci, un peu de celle-là, un peu de celle qu'elle a composée la semaine dernière, un peu de celle que son batteur n'a pas eu le temps de jouer lors de leur unique répétition de la veille, juste avant de prendre l'avion. Julie Doiron ne répète pas. elle fait des musiques. ici comme dans son salon. puis elle parle, puis accorde sa guitare, puis chante, puis parle, puis pète sa pédale, puis s'excuse un peu, mais pas tant que ça. elle se sent comme bourrée, elle n'a pas dormi depuis comme une journée. elle dit des "comme" du Québec à tout bout de champ, ou des "sinon ce serait plate". elle remercie alors que la chanson n'est pas encore finie. elle est drôle. elle est folle. joyeusement, elle m'émeut.

une guitare, une batterie. j'avais oublié qu'avec si peu on puisse remplir tant d'espace.

c'était un concert en solitaire, assise sur les marches de la Rotonde comme une communiante dont les potes sont dans la paroisse d'à côté. j'ai pensé à Oli Day qui m'avait mise sur la piste Doiron un jour de mai, en échange d'une chanson qu'il soupçonnait être écrite par moi. j'ai pensé qu'avant son départ pour l'Argentine il m'avait fait une petite liste des concerts auxquels il ne m'accompagnerait pas. j'ai pensé que la solitude peut être douce dans des moments comme ceux-là, mais que pour le coup j'aurais aimé que d'autres assistent à ce miracle brouillon et instantané.

puis on me touche l'épaule. fraîchement revenu du front et de son entraînement de bowling, Jean-Jacques Dufour s'était faufilé.

la vie est parfois bien faite.