lundi 12 avril 2010
lundi 5 avril 2010
jeudi 1 avril 2010
ETAT D'ESPRIT I. LA JOIE DES BLOGS // Laurent ROSSION
Laurent est un collègue de Corinne.
Corinne est mon amie de la piscine, celle qui ne désespère pas de finir par m'y traîner plus d'une fois par trimestre.
je ne connais pas Laurent, mais Corinne, pour des raisons que j'ignore mais que je peux imaginer, lui a ordonné d'écrire un texte pour mon blog collectif qui ne l'est plus depuis très longtemps, ou qui ne l'a finalement jamais été.
c'est ainsi que, pour des raisons que j'ignore mais que je peux imaginer, Laurent s'est exécuté. Corinne sait être persuasive. et une des choses que j'aime chez elle, c'est qu'elle a souvent raison de l'être. tout le monde n'a pas cette qualité. elle a une idée: elle agit. elle a une idée: elle pousse les autres à agir.
j'ai donc reçu ce post sur ma boîte mail hier soir. et ça m'a plu. pour un tas de raisons, ça m'a plu. aussi parce que ce texte vient prendre le relais de mon mutisme de ces derniers mois. perte de sens peu significative à l'échelle planétaire, oui, mais bon...
Merci Laurent, merci Corinne. on va relancer la machine.
J’ai beaucoup d’états d’esprit. Et je trouve que les blogs sont l’idéal pour les exprimer.
C’est ce que j’aime lire, sur les blogs : les états d’esprit. Je me souviens d’en avoir lu un qui parlait de la joie de boire un café le matin. On peut trouver des blogs sur tout : sur le goût des pizzas, sur le plaisir de la douche, sur l’engagement en politique ou sur l’art de cultiver des tomates. Moi, ce que j’aime, c’est d’y retrouver des perles de personnes.
Alors j’ai commencé moi aussi. On m’y a aidé : une amie m’a dit qu’elle m’y obligeait – mais ça, c’est un autre état d’esprit.
J’ai écrit un court papier qui parlait des blogs et de la culture en général. Il faut savoir que j’ai toujours été anxieux de ne pas pouvoir tout lire, tout connaître et tout savoir, tout en vivant une vie sociale et personnelle épanouissante. Il semble qu’être à la fois cultivé, heureux, et pleinement vivant, c’est un peu trop à la fois.
Ainsi, j’ai envoyé à ma compagne mon premier texte, une merveille de drôlerie, qui montrait que le monde actuel est un paradoxe permanent : j’y expliquais que je me sentais dépassé, mais je le faisais avec humour et finesse, et concluais, avec l’humilité qui me caractérise, en trouvant chez moi beaucoup de sensibilité. J’avais intitulé mon intervention : « L’angoisse du monde ».
Je l’ai appelée pour obtenir son avis.
– Alors, c’est bien, hein !
– Quoi ?
– Le texte pour le blog…
– C’est quoi cette histoire, quel blog ?
– Quelle importance ? J’ai écrit ce texte et je voulais savoir si tu trouvais ça bien…
– Ah ? C’est toi qui est l’auteur ? Je me demandais vraiment qui pouvait avoir écrit un truc pareil !
– Ben moi ! C’est drôle, non ?
– Drôle ? C’est supposé être comique ? Entre nous, tu vas bien ? J’ai l’impression que tu vas mal ! Comment vas-tu ?
– C’est sur ça que j’ai écrit, sur comment je me sens…
– Ah, désolée, je n’avais pas compris. Mais ça a des qualités, c’est sûr ! Montre à tes collègues, non ?
J’ai remarqué, pendant la discussion, que mon état d’esprit évoluait. Au début, j’avais dit : Tiens ! C’est ça que je vais écrire ! Et là, je me suis mis à m’inquiéter, parce que je pensais : mais c’est dément, tout le monde va s’en foutre ! Je suis quoi moi là ? (Et même que j’ai répété la phrase : je suis coi moi là, je suis koimoila, je suis koalamoala, je suis ko-ala-mo-ala.)
Elle, elle m’a dit : je suis occupée. Et les collègues à qui j’ai demandé, ils m’ont dit : pas maintenant ! Alors moi, je me suis retrouvé avec deux états d’esprit : un dans la main, un dans la tête. Et le reste du monde était occupé ! Et mes états d’esprit alors ?
J’avais l’air fin !
Tout va très vite de nos jours : je n’avais pas encore publié une ligne que déjà, j’étais très incompris.
Je sens bien qu’écrire sur mes états d’esprit, ce n’est pas facile. J’aurai plus d’angoisse après qu’avant… Quand j’écris, pour moi, je suis quelqu’un. Mais pour les autres, je ne suis personne. C’est drôle de n’être personne avec des états d’âme. J’ai pensé : Ça demande une grande sensibilité.
Et voilà comme on se contente de peu, finalement !
Corinne est mon amie de la piscine, celle qui ne désespère pas de finir par m'y traîner plus d'une fois par trimestre.
je ne connais pas Laurent, mais Corinne, pour des raisons que j'ignore mais que je peux imaginer, lui a ordonné d'écrire un texte pour mon blog collectif qui ne l'est plus depuis très longtemps, ou qui ne l'a finalement jamais été.
c'est ainsi que, pour des raisons que j'ignore mais que je peux imaginer, Laurent s'est exécuté. Corinne sait être persuasive. et une des choses que j'aime chez elle, c'est qu'elle a souvent raison de l'être. tout le monde n'a pas cette qualité. elle a une idée: elle agit. elle a une idée: elle pousse les autres à agir.
j'ai donc reçu ce post sur ma boîte mail hier soir. et ça m'a plu. pour un tas de raisons, ça m'a plu. aussi parce que ce texte vient prendre le relais de mon mutisme de ces derniers mois. perte de sens peu significative à l'échelle planétaire, oui, mais bon...
Merci Laurent, merci Corinne. on va relancer la machine.
J’ai beaucoup d’états d’esprit. Et je trouve que les blogs sont l’idéal pour les exprimer.
C’est ce que j’aime lire, sur les blogs : les états d’esprit. Je me souviens d’en avoir lu un qui parlait de la joie de boire un café le matin. On peut trouver des blogs sur tout : sur le goût des pizzas, sur le plaisir de la douche, sur l’engagement en politique ou sur l’art de cultiver des tomates. Moi, ce que j’aime, c’est d’y retrouver des perles de personnes.
Alors j’ai commencé moi aussi. On m’y a aidé : une amie m’a dit qu’elle m’y obligeait – mais ça, c’est un autre état d’esprit.
J’ai écrit un court papier qui parlait des blogs et de la culture en général. Il faut savoir que j’ai toujours été anxieux de ne pas pouvoir tout lire, tout connaître et tout savoir, tout en vivant une vie sociale et personnelle épanouissante. Il semble qu’être à la fois cultivé, heureux, et pleinement vivant, c’est un peu trop à la fois.
Ainsi, j’ai envoyé à ma compagne mon premier texte, une merveille de drôlerie, qui montrait que le monde actuel est un paradoxe permanent : j’y expliquais que je me sentais dépassé, mais je le faisais avec humour et finesse, et concluais, avec l’humilité qui me caractérise, en trouvant chez moi beaucoup de sensibilité. J’avais intitulé mon intervention : « L’angoisse du monde ».
Je l’ai appelée pour obtenir son avis.
– Alors, c’est bien, hein !
– Quoi ?
– Le texte pour le blog…
– C’est quoi cette histoire, quel blog ?
– Quelle importance ? J’ai écrit ce texte et je voulais savoir si tu trouvais ça bien…
– Ah ? C’est toi qui est l’auteur ? Je me demandais vraiment qui pouvait avoir écrit un truc pareil !
– Ben moi ! C’est drôle, non ?
– Drôle ? C’est supposé être comique ? Entre nous, tu vas bien ? J’ai l’impression que tu vas mal ! Comment vas-tu ?
– C’est sur ça que j’ai écrit, sur comment je me sens…
– Ah, désolée, je n’avais pas compris. Mais ça a des qualités, c’est sûr ! Montre à tes collègues, non ?
J’ai remarqué, pendant la discussion, que mon état d’esprit évoluait. Au début, j’avais dit : Tiens ! C’est ça que je vais écrire ! Et là, je me suis mis à m’inquiéter, parce que je pensais : mais c’est dément, tout le monde va s’en foutre ! Je suis quoi moi là ? (Et même que j’ai répété la phrase : je suis coi moi là, je suis koimoila, je suis koalamoala, je suis ko-ala-mo-ala.)
Elle, elle m’a dit : je suis occupée. Et les collègues à qui j’ai demandé, ils m’ont dit : pas maintenant ! Alors moi, je me suis retrouvé avec deux états d’esprit : un dans la main, un dans la tête. Et le reste du monde était occupé ! Et mes états d’esprit alors ?
J’avais l’air fin !
Tout va très vite de nos jours : je n’avais pas encore publié une ligne que déjà, j’étais très incompris.
Je sens bien qu’écrire sur mes états d’esprit, ce n’est pas facile. J’aurai plus d’angoisse après qu’avant… Quand j’écris, pour moi, je suis quelqu’un. Mais pour les autres, je ne suis personne. C’est drôle de n’être personne avec des états d’âme. J’ai pensé : Ça demande une grande sensibilité.
Et voilà comme on se contente de peu, finalement !
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